Ask the birds
À 9km au nord de Ramallah, Rawabi (les collines en Arabe) résonne tout autrement car c’est le premier grand projet de construction en Cisjordanie. Ce projet commencé en 2007 est à l’initiative de Bashar Masri, fils de Munib R. Masri. Ce dernier est le président d’une des plus importantes entreprises d’investissement en Palestine (Padico). La famille Masri compte aussi parmi les plus riches et les plus influentes du territoire Palestinien. Comme dans les autres villes contemporaines, nous y trouverons toutes les infrastructures modernes que nous connaissons en Europe et dans le monde occidental : un centre commercial, une école, un hôpital, des structures culturelles et sportives ainsi que des lieux de culte. Les promoteurs de ce projet immobilier assurent que la nouvelle ville s’intégrera parfaitement dans l’environnement naturel de la région et permettra aux générations futures de prospérer. L’immeuble de grande hauteur à flanc de colline semble bel et bien être la solution retenue pour répondre à ces deux impératifs. 6000 logements dont certains sont déjà achevés, accueilleront 40000 habitants d’ici 2025 mais déjà les premiers habitants se sont installés au cours de l’été 2015. Cependant, Rawabi est un projet très controversé et soulève un important débat au sein de la population palestinienne qui ne s’y retrouve pas au delà du fait que cet immense chantier soit le premier employeur de la région. En effet cette ville ne ressemble en rien aux villes traditionnelles palestiniennes. Certains vont même jusqu’à la comparer à une colonie israelienne. On peut se demander à qui s’adresse ce projet et quel mode de vie il propose. La partie construite n’est que la partie visible de l’iceberg. une partie visible qui d’ailleurs révèle beaucoup d’aberrations architecturales et structurelles. De plus, parmi les terres achetées auprès des paysans, celles qui sont restées vierges sont devenues constructibles. Cela traduit une opération financière considérable qui soulève des questions politiques tout aussi importantes. En effet, bien plus qu’une extraordinaire vitrine internationale montrant un certain savoir faire, Rawabi se trouve dans une zone sous controle total Israelien (règlementation, accès, eau potable et énergie) dite zone C. Pour rappel : 70% de la zone C sont inconstructibles pour des raisons militaires et 28% sont déjà construits ; ne restent donc qu’1 à 2% disponibles pour de nouvelles constructions. un système de planification impose des demandes de permis de construire quasi systématiquement rejetées. Les constructions non autorisées font généralement l’objet de démolitions...